Dimanche 3 juin, nous sommes 35 avec Geneviève et Yves nos drivers, à embarquer sur le Melvan à la gare maritime de Port Maria à Quiberon pour rejoindre l'Ile de Hoedic, but de notre randonnée.
Au départ nous ne sommes guère optimistes sur la météo mais elle sera clémente pendant notre marche et le pique-nique ( sous le soleil)
avant de se dégrader de nouveau pour la traversée du retour.
Merci à Aurélie notre quistinicoise institutrice de l'ile qui nous a accueillis et mis à notre disposition le préau de l'école.
Cette île, de 800 m de large sur 2 500 de long, s'étend sur deux kilomètres carrés. Elle est située au cœur de Mor braz, dans l’océan Atlantique, au large de la côte Sud de la Bretagne (presqu’îles de Rhuys et de Quiberon), à 13 km à l’est de Belle-Île et à 5 km au sud-est de Houat. Elle fait partie d’une ligne de crêtes granitiques qui comprend aussi la presqu'île du Croisic, l’île Dumet, Houat, Quiberon et Groix.
Hoëdic est un plateau peu élevé et peu vallonné ; elle atteint son altitude maximale (22 mètres) au milieu de sa partie Est (sur le chemin qui conduit actuellement du bourg au hameau du Phare). Son socle est essentiellement constitué de granit et moins souvent de schistes. La côte est une alternance de criques sableuses et de pointes rocheuses de hauteur variable, en général plus marquée au nord (Beg Lagat, le Vieux Château...) qu'au Sud (Beg Er Faut, Kasperakiz). On compte deux marais, l'un modeste, derrière la dune du nouveau port, l'autre, d'une vingtaine d'hectares, derrière la dune du vieux port. Outre l'île principale, la commune rassemble plusieurs îlots (essentiellement au sud-est) dont Roc'h Melen, Madavoar, les Cardinaux, les Mulons...
Marie Le Goaziou décrit ainsi Hœdic en 1997 :
« Le tour de l'île, qu'un de ces fameux recteurs du siècle dernier [l'auteur parle du xixe siècle] faisait pieds nus en deux heures, permet de découvrir deux types de côtes, comme à Belle-Île, la côte en dedans et la côte donnant au large. Depuis le port d'Argol, construit en 1973, on remonte vers la pointe du Vieux-Château, l'un des paysages les plus sauvages de l'île, d'où l'on a une très belle vue sur le turbulent passage des Sœurs, avec, en toile de fond, la silhouette d'Houat . De la pointe du Vieux-Château à la pointe de Casperaquiz, un sentier solitaire longe les falaises d'une côte aride, avant d'arriver à l'étang et au port de la Croix, accessible seulement à marée haute. Plus loin, le fort destiné à résister aux envahisseurs anglais a été construit sur ordre de Louis-Philippe, mais n'a jamais servi autrement qu'en école primaire, usine à soude et désormais école de voile . »
Longtemps Hoëdic a associé la polyculture familiale (élevage et jardins) à la ressource halieutique. La première a disparu au milieu du xxe siècle, tandis que la deuxième, après avoir connu un second souffle dans les années 1980, tend à perdre de la vitesse aujourd'hui. Bien plus que sa voisine Houat, elle est dépendante en grande partie du tourisme. Comme sa voisine, la majeure partie de sa surface est désormais soumise à l'invasion des broussailles.
Hoëdic est une île sans voitures peuplée d’une centaine d’habitants l’hiver. L’été, la population peut atteindre 3 000 habitants avec les plaisanciers, touristes et campeurs venant sur l’île.
Toponymie
L'île est désignée sous le nom d’Aricaà la fin du IIIe siècle dans l’Itinéraire d'Antonin, parfois écrit Atica, pour une raison non élucidée. Hudic en 1483 dans « Le Grand Routier et Pyllotage »de Pierre Garcie-Ferrande.
En breton, l'île s'appelle Edig, ce qui signifie « le caneton », tandis que Houat signifie « le canard »). C'est l'origine du nom francisé, dont la prononciation reflète d'ailleurs celle du breton.
La "charte d'Hœdic" et l'autorité" des recteurs de l'île
De 1815 à 1825, Houatais et Hœdicais élaborèrent une charte, dite charte d'Hoëdic, qui tint lieu de constitution à ces petites « républiques » insulaires. Rédigée en 1822, elle impose l'existence d'un conseil des sages (des anciens) formé de douze membres présidé par le recteur, qui était chargé de son application. Cette charte en 32 articles dit dans son préambule : « La charte protège le faible contre le fort », elle « fait tout concourir au bien général, parce qu'il n'y a rien de plus funeste et de plus odieux que la recherche exclusive d'un intérêt privé ». Ce système a fonctionné jusqu'en 1892.
De 1822 à 1892 Les recteurs d'Hoëdic continuent d'exercer leur autorité administrative, judiciaire, religieuse et économique sur l’île avec le consentement du conseil municipal et du maire qui en font parfois leurs secrétaires. Les recteurs mettent en place un fond coopératif : La Grosse, qui soutient les investissements et les campagnes de pêche. Ils ont un rôle de juge, de marchand (le magasin général ouvert à la population nommé la « cantine » permettait de substantiels profits retournés sur forme d'avances de trésorerie aux équipages). L'île obtient en 1863 une franchise fiscale. La cantine est exemptée des droits de débit. Saint-Just Péquart parle pour cette époque d'une véritable « dictature des recteurs » qui interdirent par exemple toute venue de vin sur l'île (afin de lutter contre l'alcoolisme) et aux femmes de moins de trente ans de se rendre sur le continent
En 1883, le préfet du Morbihan réforma le Conseil des îles dont faisait partie Hoëdic pour en républicaniser la composition.
En 1891, l’île fut détachée de la commune du Palais (en Belle-Île) et érigée elle-même en commune. L’année suivante le « Règlement » fut abandonné et le recteur perdait sa fonction administrative et temporelle avec l’élection du premier maire.
« Lors de la déclaration de guerre en 1914, presque tous les hommes d'Hoëdic, appelés sous les drapeaux, quittèrent l'île et la pêche, dont vivait presque exclusivement la population, fut interrompue. Il était juste et nécessaire que cette population, dont les moyens de subsistance venaient d'être brusquement taris, fut assistée, et c'est dans ce but que furent instituées les allocations. Mais pour des gens peu habitués à voir de l'argent, ce brusque afflux de numéraire fut un désastre. Le gaspillage fut effréné. Munies d'argent, les femmes d'Hœdic jugèrent préférable d'acheter sur le continent tout ce dont elles avaient besoin et peu à peu ne produisirent plus rien. La culture fut complètement abandonnée. Le moulin ne fonctionna plus et le four ne fut plus allumé. Les potagers eux-mêmes étaient retournés à la friche. Le travail de la soude fut délaissé . La guerre finie, les allocations disparurent, et avec elles la principale ressource des Hœdicais. Des prêts consentis aux Hœdicais les enfoncèrent dans une misère d'autant plus pénible qu'elle faisait suite à une période de prospérité. Le recteur à cette époque tenta de faire reprendre la culture dans l'île. On lui opposa que toute la cavalerie [les chevaux] avait disparue. Le véritable motif était la répugnance à reprendre les habitudes de travail qui étaient définitivement perdues. »
— Saint-Just Péquart, L'île d'Hoedic et sa décadence
Prochain rendez-vous, la randonnée nocturne sur nos terres