Malgré une météo incertaine nous sommes un bon groupe motivé pour cette rando dans la campagne d'Arzano
Christian et la cache au trésor! Hélas rien d'intéressant à part la beauté du site de la chapelle Ste Anne du Scorff
La chapelle Sainte Anne du Scorff
Histoire :
Le site sur lequel est implanté la chapelle est occupé depuis fort longtemps. Deux fossés très profonds, remontant à l'âge du fer, deux siècles avant Jésus Christ, coupent la colline de part et d'autre, dans un méandre du Scorff qui coule soixante mètres en contrebas.
Des traces de fortifications, visibles aux alentours, remontant au très haut moyen âge sont appelées "camp romain", non loin d'un autre "camp romain", en face, sur l'autre rive, près du moulin du Rodi.
En haut de la butte séparant le fossé le plus ouest et la pente menant au pont Kerlo, sur une plateforme d'une cinquantaine de mètres de large, ont été mises à jour, les fondations d'une ancienne maison forte, petit château fort, et une seigneurie de Coet Neblech du nom d'un village voisin, est attestée au XIVe siècle.
La chapelle, pour autant qu'on le sache, a vécu trois périodes. Sur son registre des baptêmes, le curé de Plouay a noté celui d'une cloche de la chapelle Ste Anne, le 2 juillet 1647. Sans doute l'époque de construction du bâtiment, le culte de Sainte Anne se développant en Bretagne vers cette époque, après Auray.
Une reconstruction ou rénovation est intervenue en 1784, l'édifice actuel datant de 1885. Des traces de l'ancien bâtiment, plus court et plus bas, sont visibles sur le mur Sud.
L'ensemble comprend aussi, plus bas, une fontaine datée 1791, une croix récemment rapprochée, remontée près d'une pierre ronde, trace de sépulture de l'époque pré-chrétienne.
Le pardon :
La chapelle, très excentrée dans la paroisse de Plouay, est fréquentée, pour un bon tiers par les habitants" d'outre-scorff", d'Arzano et Guilligomarch. Le pont Kerlo (1) cher à Brizeux, n'est pas un poste frontière, et de beaucoup s'en faut.
Un comité de chapelle, depuis vingt ans, a apporté des améliorations : lambris, jointoiement extérieur des murs, crépi intérieur, réfection de la statue de Joachim, création d'un petit vitrail, etc …
La chapelle est ornée de plusieurs statues :
- "L'Education de Marie", en bois, (XVIIe s.), classée, est en cours de restauration. Elle représente Anne et sa fille Marie ; la mère tient une couverture, pour que l'enfant n'ait pas froid et toutes deux ont à la main un livre, l'ancien testament d'évidence, Marie est représentée petite fille, …
Les autres statues, d'une facture plus classique, datent du XIXe siècle: St Joachim, représenté tenant dans sa main un nid dans lequel se voient deux oiseaux, symboliquement Anne et Marie. Saint Antoine, St Yves et Sainte Thérèse complètent la décoration, sans oublier Saint Paul avec sa grande épée et Saint Jean l'évangéliste, l'aigle, encadrant le Christ sur la grille séparant l'autel de l'assistance.
Le pardon, dernier dimanche de juillet, au plus près de la fête de Sainte Anne, se déroulait autrefois en deux temps, à la fête de Sainte Anne, bien sûr, et le lundi de Pentecôte. Il y a quelques décennies, deux messes étaient dites dans la chapelle, la procession venait du bourg (6 Km), Vêpres l'après-midi, la fête profane se déroulant ensuite, profitant du beau temps (2) et de la longueur du jour. Pour l'histoire, la messe des militaires américains en 44, 45 était dite dans la chapelle tous les dimanches.
Nota 1 : Auguste Brizeux, poète romantique du début du 19e s., ayant vécu en son jeune temps en Arzano, écrit dans un poème intitulé "Marie", son amie d'enfance :
Nota 2 : Beau temps habituellement, mais le 31 mai 1936, une terrible gelée matinale avait mis à mal la végétation et en particulier les champs de pommes de terre…
Extrait de Marie de Brizeux :
Un jour que nous étions assis au pont de Kerlô,
Laissant pendre, en riant, nos pieds au fil de l'eau,
Joyeux de la troubler, ou bien, à son passage,
D'arrêter un rameau, quelque flottant herbage,
Ou sous les saules verts d'effrayer le poisson
Qui venait au soleil dormir près du gazon ;
Seuls en ce lieu sauvage, et nul bruit, nul haleine
N'éveillant la vallée immobile et sereine,
Hors nos rires enfantins, et l'écho de ma voix
Qui partait par volée et courait dans les bois,
Car entre deux forêts, la rivière encaissée
Coulait jusqu'à la mer, lente, claire et glacée.
Regardez, il va sortir par là l'esprit du Scorff
Nos amies les bêtes!